Nodule, douleur, écoulement, changements de la peau
Si une personne est attentive à ses seins et remarque un nouveau changement au niveau de ses seins, elle doit contacter un médecin ou une infirmière praticienne spécialisée (IPS).
NOTE : Les illustrations représentent une femme, mais les mêmes signes peuvent se retrouver chez un homme ou chez une personne transgenre.
Nodule
Un nodule palpé (bosse) ou une masse dans le sein n’est pas nécessairement un cancer, surtout chez les jeunes femmes. Des nodules peuvent apparaître avant les menstruations et disparaître après celles-ci. Environ 90 % des nodules observés chez les femmes de 20 à 50 ans ne sont pas des cancers.
Une bosse lisse, ronde et mobile qui n’est pas fixée ni à la peau ni au thorax est le plus souvent un nodule bénin.
Les fibroadénomes et les kystes sont les nodules bénins les plus fréquents. La dysplasie mammaire ou maladie fibrokystique du sein est une cause fréquente de seins granuleux ou de nodules dans les 2 seins.
Chez l’homme, les nodules seront souvent situés sous le mamelon ou assez près.
Un nodule est inquiétant lorsqu’il est ferme, peu mobile et à contours irréguliers et si des changements de la peau l’accompagnent. Il faut penser à la possibilité d’un cancer dans ce cas.
Les personnes de plus de 50 ans, celles ayant déjà fait un cancer du sein et celles avec une histoire familiale importante ou porteuses d’une mutation génétique prédisposant au cancer du sein, ont plus de chances qu’un nodule palpé soit cancéreux.
Une personne doit toujours consulter un médecin ou une infirmière praticienne spécialisée (IPS) si un nodule nouveau persiste.
Le médecin ou IPS procédera à l’examen clinique de vos seins par inspection et palpation pour préciser le diagnostic.
En présence d’un nodule suspect, le médecin ou l’IPS complètera son examen clinique du sein par des examens :
- mammographie diagnostique pour les femmes de plus de 30 ans
- échographie
- ponction à l’aiguille fine ou biopsie à l’aiguille de gros calibre.
Douleur
La douleur est rarement associée au cancer du sein, seulement 5 % des cancers du sein s’accompagnent de douleurs. En particulier, une douleur accompagnée de rougeur peut être associée au cancer inflammatoire en raison de son évolution rapide.
Les douleurs aux seins sont fréquentes. Plus de 66% des femmes ressentent des douleurs aux seins d’intensité variable. La douleur peut être associée au syndrome prémenstruel et être variable d’un mois à l’autre. La grossesse, la prise d’hormones et d’anovulants peuvent être des causes de douleurs aux seins. Les soutiens-gorges trop serrés peuvent occasionner aussi des douleurs aux seins.
La douleur peut être ressentie aux seins, mais être causée par des problèmes au niveau des muscles, des articulations et des nerfs. L’examen physique des seins, de la cage thoracique et même du cou fait par le médecin ou IPS peut lui permettre de préciser l’origine de la douleur.
L’infection au sein peut aussi donner de la douleur aigüe à un seul sein. Cette douleur peut s’accompagner de rougeur, de chaleur et parfois de fièvre. Pour en savoir plus, consulter les sections Kyste ou Abcès.
La maladie de Mondor est une phlébite superficielle qui apparaît le plus souvent spontanément, mais qui peut survenir après une chirurgie. Elle ne nécessite pas d’autres traitements que le soulagement de la douleur. Elle peut laisser un cordon sensible sous le sein pendant quelques semaines.
Écoulement
En général, lorsque les deux seins coulent, il ne s’agit pas d’un cancer du sein. On peut observer divers types d’écoulement :
- Écoulement de laitL’écoulement de lait appelé « galactorrhée » est habituellement observé au niveau des deux seins et met en cause plusieurs canaux. Il peut persister plusieurs mois après l’allaitement. Certains médicaments peuvent être responsables d’une galactorrhée, tant chez les femmes que chez les hommes et chez les personnes transgenres. Un traumatisme ou une chirurgie au thorax peuvent aussi déclencher une galactorrhée. Plus rarement, une tumeur bénigne de l’hypophyse (petite glande située dans le cerveau) appelée adénome hypophysaire peut être responsable d’une galactorrhée persistante.
- Écoulement verdâtre ou grisâtreLa cause la plus fréquente de ce type d’écoulement est l’ectasie canalaire. Il s’agit d’une dilatation plus importante des canaux galactophores. Elle peut se manifester par un écoulement le plus souvent provoqué par une manipulation du mamelon par la personne ou son partenaire. Cet écoulement peut être observé au niveau des deux seins. Il est d’une texture épaisse, le plus souvent verdâtre bien qu’il ne soit pas infecté. Plusieurs canaux peuvent présenter un écoulement de couleurs différentes en même temps. Éviter la stimulation des mamelons permet de faire cesser cet écoulement.
- Écoulement purulentL’écoulement purulent signe une infection du sein ou des canaux ou un abcès. La galactophorite aigüe ou subaigüe est une inflammation des canaux galactophores s’accompagnant de douleur et de rougeur au niveau du mamelon. Elle peut donner un écoulement de pus. Elle est plus fréquente chez les personnes fumeuses. La galactophorite peut devenir chronique et entraîner une rétraction de mamelon avec le temps.
- Écoulement jaunâtre ou de sangUn écoulement spontané d’un seul sein et d’un seul canal, de couleur jaune citrin, un peu collant, avec du sang ou franchement sanguinolent, est le plus souvent associé à un papillome intracanalaire (PIC). Le PIC est la cause de 52 à 57 % des écoulements spontanés, séreux ou sanguinolents survenant sans pression et tachant les vêtements. D’autres types de lésions bénignes peuvent expliquer l’écoulement dans 14 à 32 % des cas. Ce type d’écoulement spontané peut aussi révéler un carcinome intracanalaire dans 2 à 5 % des cas. Si une masse est palpée ou si des changements cutanés accompagnent un écoulement de sang, l’écoulement peut alors être associé à un cancer canalaire infiltrant. L’examen clinique du sein fait par le médecin ou l’IPS permet de préciser que l’écoulement est facilement reproductible. L’échographie peut compléter l’investigation. Cependant, le PIC ou même le cancer sera rarement palpable lors de l’examen clinique par le médecin ou IPS ni vu à la mammographie ou à l’échographie. C’est pourquoi on propose la chirurgie pour des écoulements de ce type.
- Écoulement transparent aqueuxUn écoulement spontané d’un seul sein et d’un seul canal, facilement reproductible et clair comme de l’eau de roche est très rare et peut aussi révéler un carcinome intracanalaire ou un cancer canalaire infiltrant. C’est pourquoi on propose la chirurgie pour des écoulements de ce type.
Changements de la peau
Inversion ou rétraction du mamelon
L’inversion du mamelon est présente chez environ 3 % des femmes sans qu’il y ait de maladies associées. Dans 87 % des cas, cette inversion sera présente aux deux seins. Il n’y a pas de données pour les hommes ni pour les personnes transgenres.
L’inversion lente du mamelon sur plusieurs années est plus souvent la conséquence d’une galactophorite chronique. Une chirurgie peut aussi avoir entraîné l’inversion du mamelon.
Cependant, un cancer du sein pourra occasionner une rétraction permanente d’un mamelon sans qu’il soit possible de faire bouger le mamelon en le manipulant.
La voussure d’un sein peut avoir diverses causes. Le cancer du sein doit toujours être éliminé.
Un volumineux kyste pourrait entraîner ce genre de déformation tout comme une prothèse mammaire déplacée ou une tumeur phyllode.
Rétraction cutanée
Des changements cicatriciels, un kyste inflammatoire du sein ou un kyste infecté de la peau du sein peuvent à l’occasion donner un peu de rétraction au niveau de la peau du sein.
Cependant un cancer du sein peut amener une rétraction de la peau plus ou moins importante. Cette rétraction de la peau (ou creux) peut devenir plus apparente lorsqu’on palpe la masse.
On peut voir sur l’image ci-dessus, la rétraction due à une tumeur maligne lorsqu’on pince une masse palpable (à gauche), contrairement à une masse bénigne (à droite). Cette manœuvre peut aider à préciser le diagnostic de cancer en présence d’une masse palpable.
La rétraction cutanée associée au cancer du sein entraîne une déformation du sein.
La rétraction cutanée peut-être ou non accompagnée de peau d’orange, de rétraction du mamelon et de déformation du sein. On peut parfois observer une déviation du mamelon vers la lésion cancéreuse. Dans l’illustration ci-contre, on peut voir tous ces signes.
Peau d’orange
Il s’agit d’un épaississement de la peau du sein causé par une obstruction des canaux lymphatiques du sein. Le gonflement de la peau qui en résulte accentue les pores de la peau, lui donnant l’aspect d’une pelure d’orange. On observe la peau d’orange (voir dessin précédent) lorsqu’un cancer obstrue les canaux lymphatiques. On peut noter la peau d’orange accompagnée de rougeur lors d’un cancer inflammatoire. La peau d’orange s’observe aussi suite à des traitements de radiothérapie du sein bien qu’il n’y ait plus de cancer dans le sein.
On peut aussi observer de la peau d’orange lorsqu’il y a une infection du sein comme une lymphangite, une mastite ou un abcès. Un cancer inflammatoire peut s’accompagner de peau d’orange. Le gonflement important d’un ganglion de l’aisselle pourrait entraîner l’apparition de peau d’orange au niveau du sein en obstruant la circulation lymphatique du sein.
On peut observer de la rougeur associée ou non à de la peau d’orange lorsqu’il y a une infection du sein comme une lymphangite, une mastite ou un abcès. Un cancer inflammatoire présente de la rougeur sur une bonne partie du sein (plus de 30%) pouvant s’accompagner de peau d’orange et de gonflement du sein. La rougeur peut aussi être présente lors d’une infection d’un kyste de la peau du sein comme on peut le voir dans l’image ci-contre.
Ulcération du mamelon
L’ulcération du mamelon peut être d’origine traumatique, cependant la persistance d’une ulcération après deux semaines tout comme la présence d’un eczéma persistant du mamelon ou de l’aréole doit faire penser à une maladie de Paget du mamelon ou à un cancer ulcéré.
L’augmentation du volume des seins soit lors de la grossesse ou soit à la ménopause ou lors d’une prise de poids importante peut rendre apparentes aux deux seins des veines qui ne l’étaient pas. L’apparition de nouvelles veines au niveau d’un seul sein doit faire penser à un cancer surtout si elle s’accompagne de masse ou de rougeur.
Ganglion anormal
Rarement, l’apparition d’un ganglion augmenté de volume au niveau de l’aisselle sera le premier et seul signe d’un cancer du sein. Il est souvent présent dans le cas des cancers inflammatoires. Selon sa taille, il pourrait causer l’épaississement de la peau du sein amenant de la peau d’orange par le blocage de la circulation lymphatique. Un ganglion pourrait être aussi augmenté de volume dans les cas d’infection du sein ou d’abcès.
Révisé le 2 octobre 2023