Densité mammaire
La densité mammaire (DM) est un concept radiologique et s’évalue donc à la mammographie. L’examen clinique des seins (ECS) ne permet pas d’évaluer la densité mammaire. Des seins denses (ou fermes) à la palpation ne le sont pas nécessairement à la mammographie et vice versa.
La densité mammaire vue à la mammographie reflète la proportion du tissu glandulaire et fibreux par rapport au tissu graisseux du sein. Il existe une classification BIRADS spécifique pour la densité mammaire. En février 2023, le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a produit un document pour les femmes sur la densité mammaire: « Qu’est-ce que la densité mammaire? » On y retrouve le système BI-RADS.
Les rapports des mammographies de dépistage effectuées dans le cadre du Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) font toujours mention de la densité mammaire : la densité est exprimée par une note qualitative et un pourcentage qui correspond aux 4 catégories BI-RADS pour la densité mammaire soit A-B-C-D.
Exemples des catégories de densité vues à la mammographie
La densité mammaire offre une double problématique lorsqu’elle est élevée: elle complique la lecture de la mammographie en masquant certaines tumeurs et elle est un facteur de risque de cancer du sein.
Problème de lecture
Ainsi, les radiologistes peuvent avoir plus de difficulté à détecter un cancer chez les femmes dont la densité mammaire est très élevée. La lecture de la mammographie devient plus difficile (diminution de la sensibilité) à mesure que la DM augmente. Toutefois, la détection de microcalcifications et de distorsions n’est pas affectée par la DM et le risque de décès par cancer du sein n’est pas plus important chez les femmes avec une DM très élevée.
Lorsque la densité est élevée, des examens complémentaires comme une échographie peuvent être demandés par le radiologiste pour plus de précision.
Chez les femmes qui ont une DM élevée, le risque de trouver un cancer après une mammographie de dépistage normale est plus élevé pendant l’année suivant le dépistage. Il s’agit de cancers dits « d’intervalle » qui, pour la plupart, étaient présents lors de la mammographie, mais masqués par le tissu glandulaire dense en raison de la moindre sensibilité de la mammographie.
Densité mammaire et sensibilité de la mammographie
CATÉGORIE BI-RADS | POURCENTAGE DM | DESCRIPTION DM | SENSIBILITÉ MAMMOGRAPHIE PQDCS |
A | < 25 % | Seins presque entièrement graisseux | 90,6 % |
B Majorité des femmes | 25 à 49 % | Seins composés de zones de densités fibroglandulaires éparses | 88,7 % |
C | 50 à 74 % | Seins denses de façon hétérogène, pouvant masquer des petites masses | 86,0 % |
D Risque augmenté jusqu’à 2 fois par rapport à B | ≥ 75 % | Seins extrêmement denses, diminuant la sensibilité de la mammographie | 76,1 % |
Source INSPQ, septembre 2017
La mammographie ne détecte pas tous les cancers. Il est suggéré d’informer la femme du fait qu’elle a une DM élevée et des risques associés, de faire un examen clinique des seins (ECS) et d’évaluer les autres facteurs de risque de cancer du sein afin de personnaliser le dépistage.
Même si l’examen clinique des seins (ECS) ne permet pas d’évaluer la densité mammaire, l’ECS améliore la sensibilité de la mammographie et peut être particulièrement utile pour les femmes présentant des seins denses. De plus, l’ECS peut orienter le clinicien à mentionner les signes cliniques sur la demande de mammographie et même à prescrire des examens complémentaires s’il détecte une anomalie à l’ECS.
L’examen clinique des seins (voir Capsule vidéo sur l’examen clinique du sein (ECS) par Jocelyne Chiquette, MD et voir la page sur le déroulement de l’ECS) peut donc fournir des informations supplémentaires. Si l’évaluation est entièrement négative, on peut rassurer la patiente tout en lui recommandant de consulter si elle note des changements à ses seins. Pour les femmes à risque moyen avec DM élevée, un ECS tous les 1 à 2 ans peut être fait en plus de la mammographie de dépistage tous les 2 ans.
Facteur de risque
En plus de rendre la lecture plus difficile, la DM est aussi un facteur de risque de cancer. Les femmes dont la mammographie révèle une densité mammaire élevée à plus de 50% (seins plus glandulaires) ont plus de risque de développer un cancer du sein que les femmes dont le sein est moins dense (seins plus graisseux). Il faut que la femme ait eu une mammographie pour connaître sa densité. Cependant, il n’y a pas lieu de prescrire une mammographie uniquement pour évaluer la densité mammaire (DM) si aucune autre indication n’est présente.
Bien que la DM ait tendance à diminuer avec l’âge, une densité très marquée peut persister chez certaines femmes. Il semble y avoir une composante génétique associée à la densité, indépendante des gènes comme BRCA. Seulement environ 11% des participantes au PQDCS de 50 à 59 ans et 6% des participantes de 60 à 69 ans se situent dans la catégorie D avec des seins très denses où la sensibilité de la mammographie peut être abaissée de façon plus marquée.
Densité et Dépistage
La mammographie demeure un examen de dépistage valide pour toutes les femmes, peu importe la densité de leurs seins. Le dépistage par mammographie aux 2 ans est l’examen recommandé pour les femmes n’ayant pas d’autres facteurs de risque que la densité mammaire.
Pour les femmes présentant d’autres facteurs de risque en plus de la densité élevée, le dépistage doit être adapté au risque. Vous trouverez aussi de l’information dans le communiqué du GAM : Le dépistage du cancer du sein chez les femmes à risque élevé, réalisé par Francine Borduas MD, Jocelyne Chiquette MD et Louise Moreault MD du Groupe Actions-Médecins de la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale, juin 2017.
Pour le suivi des porteuses de mutation génétique, il y a de l’information disponible concernant le dépistage dans les Lignes directrices de Génétique et de Dépistage cancer du sein du Centre des maladies du sein (CMS/CHU) 2021. Vous pouvez consulter également les modifications des :
- Synthèse Lignes directrices DÉPISTAGE CANCER DU SEIN CMS/CHU 2023 – NOUVEAU
- Synthèse Lignes directrices DE GÉNÉTIQUE CMS/CHU 2023 – NOUVEAU
L’étude PERSPECTIVE inclut la densité mammaire dans les facteurs pris en compte pour le calcul du risque de développer un cancer du sein et propose un plan de dépistage adapté au risque global ainsi calculé.
Vous pouvez consulter la publication officielle des premiers résultats de PERSPECTIVE I & I dans la revue Cancers.
Implementing Multifactorial Risk Assessment with Polygenic Risk Scores for Personalized Breast Cancer Screening in the Population Setting: Challenges and Opportunities (by Meghan J. Walker, Kristina M. Blackmore, Amy Chang, Laurence Lambert-Côté, Annie Turgeon, Antonis C. Antoniou, Kathleen A. Bell, Mireille J. M. Broeders, Jennifer D. Brooks, Tim Carver, Jocelyne Chiquette, Philippe Després, Douglas F. Easton, Andrea Eisen, Laurence Eloy, D. Gareth Evans, Samantha Fienberg, Yann Joly, Raymond H. Kim, Shana J. Kim, Bartha M. Knoppers, Aisha K. Lofters, Hermann Nabi, Jean-Sébastien Paquette, Nora Pashayan, Amanda J. Sheppard, Tracy L. Stockley, Michel Dorval, Jacques Simard Anna M. Chiarelli. Version PDF disponible
Plusieurs études sont en cours pour évaluer la place de la tomosynthèse dans le dépistage des femmes présentant une densité élevée.
Autres Recommandations
Peu importe leur risque, les femmes doivent demeurer vigilantes aux changements au niveau de leurs seins et consulter leur médecin ou l’infirmière praticienne spécialisée (IPS) si un changement est observé, même si la mammographie est récente. Une investigation pourra être faite selon les découvertes faites à l’ECS.
Il est possible de suggérer aux femmes de porter attention à certains facteurs de risque modifiables. Par exemple, la densité mammaire peut diminuer avec l’arrêt de l’hormonothérapie et la diminution de la consommation d’alcool.
Vous trouverez de l’information supplémentaire :
- La densité mammaire (Réalisé par Francine Borduas MD, Jocelyne Chiquette MD et Louise Moreault MD du Groupe Actions-Médecins de la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale, septembre 2018)
- MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX. Dépistage et cancer du sein : Densité mammaire. Module de formation à l’intention des professionnels de première ligne, Québec, 2018, 17 p.
- Point sur la tomosynthèse en dépistage du cancer du sein (Réalisé par Francine Borduas MD, Jocelyne Chiquette MD, Louise Moreault MD et Geneviève Doray du Groupe Actions-Médecins de la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale, mis à jour – novembre 2014)
- Société canadienne du cancer – Densité mammaire
Revisé le 7 octobre 2024